
Les montres au Tritium
18/07/2013 14:53
l’avis du CRIIRAD sur les montres contenant du tritium, et expliquant en grande partie leur interdiction en France selon un article du code de la santé publique.
Le président de la Criirad dénonce la vente illégale mais généralisée de montres radioactives
Selon une enquête de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), une grande quantité de montres vendues en France contient du tritium, une forme radioactive de l’hydrogène. Utilisé pour faire briller les aiguilles et les cadrans, le tritium peut être respiré ou entrer dans l’organisme à travers la peau au niveau du poignet. Selon Roland Desbordes, physicien, président de la Criirad, le taux de radioactivité présent dans ces montres, interdites à la vente depuis avril 2002, dépasse les normes internationales. Mais ni les consommateurs, ni même les employés de l’industrie horlogère ne semblent au courant des dangers potentiels du tritium.
Quels sont les fabricants de montres qui utilisent du tritium ?
Ce sont principalement des fabricants suisses et américains, comme Omega, Berreta, Baume & Mercier ou Fortis. La liste de ces montres serait trop longue à publier et nous n’avons pas les moyens de tester tous les produits. Nous avons rédigé à l’attention des consommateurs un test simple pour savoir si leur montre contient du tritium ou pas. Nous pouvons envoyer ce protocole par courrier à tous ceux qui le souhaitent.
Est-ce qu’on continue à utiliser le tritium en France ?
Il n’y a pratiquement plus de fabricants de montres en France, mais certains ateliers de maintenance sont concernés. La durée de vie du tritium est limitée : tous les 7 ou 8 ans, des montres doivent être retraitées pour continuer à briller. J’ai demandé à des techniciens d’un atelier de maintenance de Breitling à Besançon ce qu’ils employaient. Ils m’ont répondu "des flacons de tritium", sans savoir que le produit qu’ils manipulent quotidiennement est radioactif ! C’est d’ailleurs le même problème avec les bijoutiers, qui n’ont pas conscience de vendre un objet "à risque". Nous sommes face à l’ignorance totale de la profession vis-à-vis de ce problème.
Que risque-t-on en portant tous les jours une montre qui contient du tritium ?
Une montre est en contact direct avec la peau. Le tritium ne peut pas être confiné, il pénètre par la peau et irradie l’intérieur de l’organisme. Nous avons mesuré le taux de radioactivité dans l’urine d’une personne qui a porté une montre plusieurs heures : ce taux s’élève à plusieurs centaines de milliers de Becquerel par litre, mille fois plus que le taux "naturel". A ce niveau-là, ce n’est pas dangereux pour l’organisme, mais j’insiste sur la notion de risque. On dépasse ici les normes internationales de radioprotection. Il s’agit de faibles doses, qui sont en dessous des limites imposées par la norme ISO 3157, mais au-dessus du seuil "négligeable". C’est d’autant plus inquiétant pour une femme enceinte ou une personne fragile. Tout dépend bien sûr de la fréquence à laquelle on porte sa montre, de nuit comme de jour.
Pourquoi l’industrie horlogère continue-t-elle à utiliser le tritium ? Est-ce qu’il existe des produits de remplacement
Jusqu’à maintenant, les industriels étaient soumis à la norme internationale ISO 3157, élaborée par la profession. Cette norme autorise l’utilisation de tritium à l’intérieur de la montre et admet un certain taux de fuite de radioactivité. Cependant, elle viole les dispositions du décret 2002-460, qui interdit, en France, tout ajout de radioactivité dans les biens de consommation. Malgré tout, l’industrie horlogère utilise encore des procédés de fabrication aberrants, simplement par habitude. Les fabricants japonais ont développé de nouveaux produits de remplacement. Ils ont remplacé le tritium par de nouveaux procédés chimiques non radioactifs. C’est le cas du Luminova, mis au point par Seiko, ou du LumiBrite, développé par une société japonaise spécialisée dans les pigments. Ces peintures luminescentes se rechargent à la lumière ambiante et peuvent faire briller les montres pendant plusieurs heures.
Suite aux résultats de cette étude, que préconisez-vous ?
Nous voulons que le consommateur soit informé de la quantité de radioactivité présente dans le produit qu’il achète. Pratiquement aucune montre ne donne les bonnes indications, même sur la notice d’utilisation. La profession horlogère est totalement en tort vis-à-vis de l’acheteur. Nous aimerions mettre en place un logo, par exemple le logo nucléaire, sur toutes les montres vendues en France, qui serait barré ou non en fonction de la présence de tritium. D’ici quelques mois, nous recommencerons nos mesures. Nous irons sans doute jusqu’aux procès à l’encontre des fabricants non réglementaires.
Pour ma part, je fais pleinement confiance à des fabricants comme Traser, Tawatec ou UZI, même si je reste un inconditionnel de ma marque de montres favorite : Traser, de plus, ces fabricants communiquent le taux de radioactivité contenue dans le boîtier étanche de chaque montre.
Note : en France, certains horlogers peuvent refuser de remplacer une pile sur une montre contenant du Tritium car la manipulation nécessite de retirer le capot du boîtier étanche et donc de s’exposer directement aux radiations, même de courte durée, si l’horloger change des piles de montres au tritium une derrière l’autre au quotidien, il n’exercera (selon les dires du CRIIRAD) pas sa profession bien longtemps…
Note : conformez-vous aux lois en vigueur dans votre pays, ceci n’est qu’un avis personnel, les montres militaires ou civils contenant du tritium sont interdites en France selon l’article R. 1333-2 du code de la santé publique.
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